Nous rejoignons Mexico City en partance de Lima. Les six heures d'avion sont vite avalées. Nous rêvons en vol de plage et surtout de soleil. Il va falloir attendre : il est temporairement aux abonnés absents. Plus exactement il est discret en matinée et laisse place à des ondées le soir. Mexico City est une mégalopole qui se vante de concurrencer Sao Paulo par sa taille.
L'avenue Insurgentes fait plus de 40 km. La rue de Vaugirad qui est la plus longue de Paris peut rougir doucement. Ce qui fait le charme de Mexico ce sont notamment ses taxis Coccinelle verts à 3 places. Nous trouvons vite nos repères en nous installant dans un B&B du quartier de Condesa, le quartier bobo de Mexico City. La profusion de terrasses de restaurants et le défilé de Hummer et autres 4x4 suffit à nous en convaincre.
La maison de style Art-deco dans laquelle nous logeons est tout simplement magnifique. La salle de bain qui date de 1935 est en Azulejos bleus; un vitrail surplombe la baignoire. Nous nous attablons le soir au bistrot Mosaico de la calle Michoacan. Le pain est croquant, le poulet aux morilles généreux, le vin plaisant, la mousse au chocolat et la tarte au citron divines.
Nous allons vous épargner notre programme jour par jour et minute par minute. Nous parcourons la ville en utilisant les taxis dont la plaque minéralogique commence par A ou L (les autres étant paraît-il des faux taxis dangereux) puis à pieds : Zona Rosa, Reforma, Roma, Centro Historico et Condesa. Rien ne nous échappe. Surtout pas la pause thé de 17 heures dans le douillet petit salon du Caravanseraï Maison francaise de Thé ou dans le lounge déco art moderne de l'hôtel Condesa DF, oeuvre de l'architecte India Mahdavi.
Cinq jours plus tard, nous nous décidons à quitter Mexico City et volons directement vers Cancun. Nous commençons à sentir la fatigue de nos mois de voyage et de nos étapes glaciales en Bolivie.
Arrivés à Cancun, nous sautons dans un bus direction Playa Del Carmen. Il est tard lorsque nous arrivons dans la mecque du tourisme mexicain. Les rues du centre-ville sont bondées d'américains tatoués en short et de filles en maillot de bain. Nous descendons à l'hôtel Deseo angle douzième rue et cinquième avenue! C'est pas du tout New York! Le Deseo est un hôtel branché. Il appartient au même propriétaire que le Basico, boutique hôtel dont les chambres sont d'une simplicité extrême et sans âme. Notre chambre est d'une décoration basique, blanche virginale. Nous sortons dîner des crevettes grillées. Playa Del Carmen vit jour et nuit et il est difficile de se frayer un passage dans la foule. De retour à l'hôtel nous découvrons que la fête bat son plein au bar en plein air de l'hôtel. Un DJ commence à envoyer grave comme diraient les djeun's. Nous sommes épuisés mais il est impossible de dormir.
A 4 heures du matin, le DJ balance un remix de Message in the bottle de Sting : "Rescue me before I fall into despair, oh, Ill send an s.o.s to the world, Ill send a s.o.s to the world". Nous avons beau adorer sting et kiffer le son, nous voulons dormir et nous lançons nous aussi un s.o.s pour que la musique s'arrête. A bout de forces, nous nous endormons avant que la petite party ne prenne fin. Il fait chaud le lendemain lorsque nous descendons pour le petit déjeuner. Le principe du self service où il n'y a rien de palpitant et bon à grignoter ne nous parle pas vraiment, surtout pour le prix. Nous nous attablons à la terrasse d'un Starbucks avec un muffin chocolat, un smoothie, un thé large et un americano small. Il fait très chaud. Nous nous mettons à la recherche d'un autre hôtel. Nous parvenons finalement à en trouver un plus éloigné du centre névralgique de la ville. Il est situé angle 38è et 5è. Il vient surtout d'ouvrir et nous sommes les seuls clients: 50% de discount sur le prix de la chambre. C'est notre jour de chance. L'après-midi nous allons à la plage. Nous avons obtenu des tickets pour un club privé. C'est un peu Saint Trop' : des jeunes éphèbes font rôtir leur corps au son d'un DJ survolté et des jeunes filles font des concours de bikini ou de string en sirotant des vodka-pommes. Pas très régime tout ça!
Les jours suivants seront tranquilles : starbucks matinal, plage, baignades dans une eau chaude et turquoise, déjeuner bio, shopping chez American Apparel, petit moelleux au chocolat qui tue de chez les Petites Merveilles. Et le soir, nous nous dépêchons de rentrer et d'allumer la Tv pour voir les exploits de Michaël Phelps aux Jeux Olympiques de Pékin. Le temps passe doucement. Nous restons 10 jours à Playa Del Carmen. Seulement, nous commençons à en avoir un peu assez de vivre dans notre sac-à-dos. La lassitude se fait un peu sentir et les amis et parents commencent à nous manquer sérieusement. Nous décidons de remettre un peu de mouvement dans notre périple. Nous louons une voiture dont le luxe n'a d'égal que notre budget du moment. Elle peine à démarrer, puis quand elle est lancée, elle peine à freiner.
Nous prenons la route direction Tulum, soit 130 km, et nous installons dans un des nombreux cabanas du bord de plage. Ces cabanes de plage étaient encore rudimentaires il y a quelques années. L'eau et l'électricité étaient un privilège. Avec le développement touristique, elles offrent désormais un certain confort. La plage à perte de vue est belle. Nous l'arpentons de long en large. La nuit, nous espérons croiser une tortue venant pondre sur le sable. Il n'en sera rien car il est formellement recommandé de ne pas les déranger avec des lampes torches. L'espèce est en voie de disparition. Nous profitons naturellement de notre halte à Tulum pour aller visiter le site archéologique de Tulum dont les ruines sont datées de 1200 à 1521. Le principal problème est la présence d'une multitude de touristes torses nus et peu respecteux des zones protégées. Ils n'hésitent même pas à jeter par terre leurs piles usagées. Après deux jours délicieux, nous reprenons la route.
Nous faisons halte à Coba. Là encore des cars déversent leur flot de touristes sortis de leurs réserves dorées que sont les hôtels entourés de hauts murs et surveillés jour et nuit. C'est drôle mais la présence de vigiles dans les hôtels, devant les banques, laisse place à un sentiment d'insécurité plutôt que de sécurité. Coba est l'une des plus grandes cités mayas perdue dans la jungle tropicale. Nous louons un vélo pour partir à la découverte de ces ruines. Le site est vaste. Lorsque l'on sort un peu du tumulte de la foule, on a l'impression de faire un voyage hors du temps sur ces sentiers ombragés. Il fait très chaud cependant et nos litres d'eau sont vite bus. Le clou de la visite est la grande pyramide haute de 42 mètres. Un escalier permet, en s'aidant d'une corde, de monter pour admirer la vue sur la forêt.
Nous reprenons la route direction Valladolid. A un feu, un policier nous arrête. La voiture mord sur le passage clouté. Nous lui expliquons que nous avons été induit en erreur par le conducteur de la voiture de derrière qui ne cessait de klaxonner. Quelques minutes de palabres et l'intervention de son chef nous sortent des griffes de ce policier plutôt zélé. Nous déjeunons et filons pour visiter Chichen Itza.
Chichen Itza est le site maya le plus célèbre et le mieux restauré de la péninsule du Yucatan. C'est Disneyland : parking gardé, portillons d'entrée de l'Unidad de Servicios, queue pour acheter les tickets, prix exhorbitants et du monde partout! Impossible de faire une photo du site sans avoir un touriste dessus. Nous sommes sollicités pour faire des photos souvenirs. Heureusement la pluie est de la partie et soudain tout le monde s'évanouit. La pyramide de Kukulcan (El castillo) est incroyable. L'édifice se dresse à 25 mètres de haut. Les quatre escaliers possèdent 91 marches chacuns. A l'arrière du temple, il est possible de voir la numérotation des marches inscrite à la craie. Nous parcourons le site. La pluie cesse enfin. Nous sommes trempés et enfilons quelques vêtements secs pour rejoindre Mérida pour la nuit.
Mérida est une jolie ville avec de profondes racines intellectuelles et culturelles. La ville semble sûre. Nous apprendrons plus tard dans les journaux que les règlements de comptes y sont fréquents et que neufs personnes ont été retrouvées décapitées. Après dîner nous traînons sur la plaza grande sur laquelle s'élève l'une des plus anciennes églises du Mexique, la Catedral de San Ildefonso. Le lendemain, nous partons acheter des hamacs puis regagnons Playa Del Carmen. Nous passons encore quelques jours à Playa del carmen. Nous en profitons pour prendre un matin un ferry à destination de Cozumel.
Cozumel est une île coralienne et est un spot de plongée réputé. Nous louons une mob, des masques et des palmes. Au détour de petites criques, nous posons nos affaires et partons en snorkling à la découverte des fonds marins. Les poissons multicolores sont légions. Nous voyons même pour la première fois de notre vie un serpent marin. Puis vers 17 heures nous reprenons le bateau pour rentrer.
Quelques jours plus tard, nous sommes en partance pour les USA. Nous nous sommes arrangés avec un chauffeur de taxi pour qu'il vienne nous chercher à trois heures du matin. Nous empruntons l'autoroute direction Cancun. La police lourdement armée est déjà sur le pied de guerre à cette heure matinale. La nuit est inquiétante. Le chauffeur de taxi nous raconte que les nuits sont sensibles en terme de déliquance. Nos paupières sont lourdes de sommeil. Notre esprit est déjà ailleurs.
Notre vol fait Cancun-Houston-Los Angeles-Las Vegas... tout un programme !